20-04-1924 : Inauguration Grande salle
Dimanche 20 Avril 1924
Inauguration de la Grande Salle du Nouveau Théâtre Municipal
Le dimanche 20 avril 1924, la grande salle du Neues Stadttheater accueillait plus de 1100 personnes pour son inauguration solennelle après trois ans de travaux. Les notables de la ville avaient pris place dans les premiers rangs de l’orchestre et chacun admirait la décoration de la salle et notamment son lumineux plafond et l’arrondi harmonieux des balcons des loges. On annonça la présence d’invités prestigieux: le président de la ligue des théâtres allemands de Tchécoslovaquie, le Dr. Krumpholz, le directeur du théâtre allemand de Prague L. Kramer mais aussi des personnalités tchèques tel Frantisek Neumann (directeur du théâtre tchèque à Brno). A 19h, la cérémonie commença par un discours du maire Ersnt Walther suivit de la lecture d’un poème spécialement écrit pour l’occasion par le « poète des Sudètes » Hans Watzlik (lui-même absent). Son poème se terminait par une exhortation qui exprimait tous les espoirs mis en ce nouveau théâtre : « Accomplit, fière édifice, ce que rêvent nos désirs ! / Soit, voué à toute grandeur et à toute beauté, / la cathédrale des plus pures fêtes du peuple des Sudètes ! / Oh, ouvre vite ton vaste portique, laisse tonner ta – notre – richesse. Résonne ! Réconforte ! / Réjouie ! Et élève nous ! »[1]
Ensuite, ce fut au tour du directeur de ce nouveau théâtre, Franz Höllering, de prononcer un discours où il présenta rapidement ses objectifs et évoqua les spectacles prévus jusqu’à l’été. On commencerait, dès mercredi 23, par l’opérette de Jean Gilbert Katja, die Tänzerin, puis, le samedi 27 ce serait la pièce de Max Mohr Improvisationen im Juni suivi mardi 29, dans la Grande Salle, par Wilhelm Tell de Schiller. Et pour l’opéra, dont Nikolaus Janowsky, l’adjoint d’ Höllering, souligna l’importance comme spectacle total, on débuterai le soir même par Les Maîtres chanteurs de Wagner avant de monter, en mai, Die toten Augen d’Eugène d’Albert, Madame Butterfly de Puccini et Fidelio de Beethoven. Enfin Franz Höllering, s’il confirma que » la vocation de notre théâtre est d’être la scène nationale de l’ensemble du peuple des Sudètes » souligna aussi que « cette conception ne s’oppose nullement aux aspirations culturelles de la minorité tchèque de notre ville« , que le théâtre serait ouvert aux représentations en tchèque et « puisse l’art réussir, loin de la politique, à approfondir l’entente des peuples vivant ensemble« .[2]
Après ces discours, on présenta un extrait du premier Faust de Goethe (Vorspiel auf dem Theater), puis l’orchestre municipal interpréta l’ouverture de Rienzi de Wagner.
Un premier entracte permit alors aux spectateurs de découvrir les beaux foyers du Neues Stadttheater en échangeant leurs commentaires sur les discours entendus et l’acoustique de la salle.
Ensuite on attaqua le plat de résistance de la soirée, une représentation de l’opéra de Richard Wagner Die Meistersinger von Nürnberg (créé le 21 juin 1868 à Munich). La mise en scène était de Julius Martin (précédemment Oberspielleiter à Reichenberg) et l’orchestre municipal dirigé par Nikolaus Janowski (venu comme Höllering, de Brünn). Le baryton Eduard Hellmuth (venu de Mährisch-Ostrau) incarnait Hans Sachs, la basse Odo Böck (auparavant à Troppau) était Veit Pogner et sa fille Eva était chantée par Paula Hacker Thiersch (venue de Brünn elle aussi). Les autres protagonistes étaient le baryton Willi Ubl (Sixtus Beckmesser), les ténors Leo Magido (Walther von Stolzing) et Eugen Baumagartner (David), la mezzo Edith Werner (Magdalena), Ernst Korbus et Fritz Steiner (Konrad Nachtigal et Kunz Vogelsang). Un nouvel entracte fut ménagé entre le second et le troisième acte. La soirée se termina sous les applaudissements et force remises de fleurs.
[1] Erfülle, stolzer Bau, was unsre Sehsucht träumt ! / Sei du, ergeben aller Grösse, aller Schönheit, / Der Dom der reinsten Feste des Sudetenvolkes ! / O öffne brausend deine weiten Strahlentore, / lass donnern deine, unsern Reichtum ! Kige ! Tröste ! / Erfreue ! Und ehre uns !
[2] … die Sendung unseres Stadttheaters als einer Nationalbühne des gesamten sudetendeutschen Volkes. Diese Affassung birgt keinen Gegensatz zu den kulturellen Bestrebungen der tschechschen Minderheit unserer Stadt.
… es möge der Kunste gelingen, fern der Politik das Verständnis der miteinander lebende Völker zu vertiefen.