Walter-Jacob Paul
Paul Walter-Jacob (1905 – 1977)
à Teplitz-Schönau de 1936 à 1938
Paul Walter-Jacob est né le 26 janvier 1905 à Duisbourg (All.). La même année, la famille s’installa à Cologne puis, en 1908, à Mayence où le père ouvrit un commerce. Sa mère était très musicienne et Paul Walter-Jacob eut très tôt l’envie d’une carrière musicale. Durant ses études secondaires à Mayence, il fréquenta le théâtre (où il vit jouer F.Kennemann) et le conservatoire de la ville. Après son Abitur, en 1923, il étudia à l’université de Mayence puis à la Musikhochschule de Berlin, où il fréquenta aussi le Max-Reinhard Seminar pour se former comme comédien et Regisseur. Il fut assistant-metteur en scène à la Staatsoper Unter den Linden, puis fut engagé comme Oberspielleiter, Dramaturg et acteur au théâtre de Coblence. Vinrent ensuite des engagements de même nature à Lübeck (1930-31) et Wüppertal (1931-32). A l’été 1932 il fut engagé comme Regisseur pour l’opéra et l’opérette au théâtre de Essen, dont il fut renvoyé par les nazis, comme juif, le 29 mars 1933. Menacé d’arrestation, Paul Walter-Jacob s’exila trois jours plus tard à Amsterdam, puis, en juillet, à Paris où il travailla (sous le pseudonyme Paul Walter) comme critique dans des périodiques de langue allemande, avant d’être engagé comme acteur et régisseur au théâtre Die Komödie à Luxembourg, où il mit en scène Strassenmusik (Shurek/Sassmann), Minna von Barnhelm (Lessing), Krach um Jolanthe (Hinrichs), Marie Stuart (Schiller) ou encore Ein Volksfeind (Ibsen). Durant cette période (1934-1936) il travailla aussi à Radio Luxembourg. En 1936 il obtint un engagement comme acteur et metteur en scène au Neues Stadttheater de Teplitz-Schönau, où il resta deux saisons. Ses principales réalisations comme Regisseur à Teplitz-Schönau concernèrent l’opérette et l’opéra : la première fut Rossini à Naples (Adler) le 25 novembre 1936. A noter aussi Tosca et La Bohème (Puccini), Le Baron tzigane et La chauve-souris et Karnaval in Rom (J.Strauss) ou Czadafürstin (Kalman) qui connut un gros succès public. En avril 1938, Walter Jacob se vit retirer sa nationalité allemande. En été 1938 il quitta Teplitz-Schönau. En 1939, il put quitter Prague avec un visa pour le Paraguay et, après un passage à Paris, il s’embarqua à Marseille sur le Campana en partance pour Buenos-Aires, en compagnie de l’actrice Liselott Reger et de Brigitte Kennemann (fille cadette de Fritz). Liselott Reger épousa Walter Jacob à Buenos Aires le 4 mars 1939 pour qu’il puisse s’installer en Argentine. Début 1940, Liselott Reger et lui fondèrent la Freie Deutsche Bühne, théâtre germanophone antinazi, qui présenta sa première pièce, Jean de Bus-Fekete, mis en scène par Paul Walter-Jacob, le 20 avril 1940 à la Casa del Teatro. Ses mises en scène les plus marquantes à la FDB furent Marie Stuart (Schiller) en juin 1940, Nachtasyl (Gorki) en avil 1941, Am Weissen Rössl (l’Auberge du Cheval blanc) en mai 1942, Kopf oder Schrift (Verneuil) en juillet 1943, Der grüne Kakadu (Schnitzler) en mai 1944. En 1945, la FDB déménagea -toujours à Buenos Aires- à la Casa de Cataloña, où Paul Walter-Jacob réalisa 11 mises en scène, notamment Geburtstag (Bus-Fekete) et Kolportage de G.Kaiser, Sept personnages en quête d’auteur de L.Pirandello et Jacobosky und der Oberts de F.Werfel. En 1946, après un nouveau déménagement au Teatro Lassale, Paul Walter-Jacob mit en scène Frau Warens Gewerbe (Shaw), Gespenster (Ibsen), Abel (Neumann), Mädchen in Uniform (Winsloe), Die heilige Johanna (Shaw) et Alt-Heidelberg (Meyer-Förster). A Buenos Aires, Paul Walter-Jacob apprit le suicide de ses parents au camp de Westerbock, alors qu’ils venaient d’être inscrits dans un convoi « pour l’Est ». Après la guerre, désormais moins investi, laissant l’essentiel de l’animation de la FDB à Jacques Arnd tout en en restant Directeur, Walter-Jacob s’efforça de trouver un point de chute pour retourner en Allemagne. Après un voyage en Europe en 1949, il fut élu, le 7 mars 1950, Intendant (Directeur) de la Städtische Bühne de Dortmund. Il demeura à ce poste jusqu’à l’été 1962 (et eut l’occasion, en mai 62 de monter Eli, de Nelly Sachs, pour sa création mondiale). Congédié par la municipalité de Dortmund, Walter-Jacob sollicita en vain, en 1962-63, une autre direction de théâtre en RFA. Il remonta sur les planches comme acteur et Regisseur invité sur diverses scènes et participa à des pièces radiophoniques, tout en continuant à résider à Dortmund. Il écrivit encore plusieurs livres : sur Offenbach (Rowohlt 1969), sur Liszt et Wagner (Kleine Mainzner Bücherei 1974), sur Max Reinhard (Kulturamt Dortmund 1974), complétant une oeuvre littéraire commencée par la critique musicale, poursuivie à Buenos Aires (7 publications de 1943 à 1949) et dans les années 50 (Richard Wagner, Sikorski, Hambourg 1958). Paul Walter-Jacob mourut le 20 juillet 1977 à Schwäbisch Hall, léguant ses très riches archives à l’Université de Hambourg.
L’acteur
Paul Walter Jacob, qui prit pour nom de théâtre, -joignant son second prénom à son nom-, Paul Walter-Jacob, musicologue, dramaturge, metteur en scène et directeur de théâtre (à Buenos Aires et à Dortmund), fut aussi un acteur, surtout à partir de son engagement au théâtre de Teplitz-Schönau, puis, plus encore, à la Freie Deutsche Bühne de Buenos Aires et, après 1950, en RFA. A Teplitz-Schönau, où il fut avant tout metteur en scène des spectacles musicaux, il occupait encore des seconds rôles, comme Gionettino Doria dans Fiesco ou le Hofmarshall von Kalb dans Kabale und Liebe (Schiller) ou encore Hochstapler dans Das Nest (E.Konrad), au côté de Fritz Kennemann. En Argentine, après 1940, il joua, de nombreux rôles, entre autres le rôle titre dans Baumeister Solness (Ibsen), Burgess dans Candida (Shaw), Burleigh dans Marie Stuart (Schiller), le Pr.Franz Junek dans Menschen auf der Eisscholle (Werner), Richter dans Peripherie (Langer), le directeur Hoffenreich dans Matura (Fodor), Chasuble dans Bundbury (Wilde), Andreas von Richenau dans Via Mala (Knittel), Teddy Deakin dans Der Geisterzug (Ridley), les rôles titres dans Dr.Med.Hiob Praetorius (Götz) et dans Der Kammersänger (Wedekind), Babberley dans Charleys Tante (Thomas), Bonaparte dans Das Lamm des Armen (Zweig), le nettoyeur de fenêtre Bly dans Fenster (Galworthy), le publiciste Benoit dans Der Ministerium ist beleidigt (Heller/Engler), le rabbi Jochanan dans In jener Nacht (Bistritzky), Emil Zola dans Die Affäre Dreyfus (Rehfisch/Herzog), le Prof. Higgins dans Pygmalion (Shaw), Albert Wendel dans Das schwedische Zündholz (Hirschfeld), le Dr. Hermann Walther dans Flug nach Westen (Rice), le Chef de la firme dans Firma (Hemar), Tobler dans Drei Männer im Schnee (Heller/Kästner), le Dr.Jura dans Das Konzert (Bahr), Richard Dudgeon dans Der Teufelschüler (Shaw), le Dr.Bohlen dans Konflickt (Alsberg) Maurice Messer dans Der Hexer (Wallace), Thomas Stockmann dans Ein Volksfeind (Ibsen), Leguerche dans Oktobertag et Stjernenhöh dans Kolportage (Kaiser), le Directeur dans Six personnages en quête d’auteur (Pirandello), Peter Peter dans Ingeborg (Götz), Dr. Fechner dans Der Frauenarz (Rehfisch), le secrétaire Piderit dans Zwölftausend (B.Frank), Jacobowsky dans Jacobowsky und der Oberts (Werfel), Zubrot dans Die kleine Zünderin (Gilbert), Sir George Croft dans Frau Warrens Gewerbe (Shaw), Dr.Faber dans Frühlingswind (Bokay), l’ingénieur Oliver dans Wasser für Canitoga (Turner), le pasteur Manders dans Gespenster (Ibsen), l’avocat Robert dans Abel (Neumann) ou M.Bernini dans Scampolo (Niccomedi). Après son retour en Allemagne, Paul Walter-Jacob monta souvent lui-même en scène à Dortmund, pour reprendre des rôles déjà joués mais aussi de nouveaux, comme le propriétaire de maison de thé Tong dans Kreidekreis (Klabund) en 1961. Après qu’il ait du abandonner la direction du théâtre de Dortmund, il joua en acteur invité sur diverses scènes allemandes, notamment le rôle du Professeur Evans lors de la création de la pièce In der Sache J.Robert Oppenheimer (H.Kippenhardt) en 1964 à la Freie Volksbühne de Berlin, sous la Régie d’Erwin Piscator, ou encore le rôle titre, Jules César, dans Julius Cäsar (Shakespeare) à Wiesbaden en 1966, le rôle du Vieux dans Les chaises (Ionesco) au Landestheater de Darmstadt, l’Oberlehrer Krull dans Die Kassette (Sternheim) au Theater am Kurfurstendam, à Berlin (les deux en 1967). Il enregistra également des Hörspiele pour la radio, comme le rôle de Blöbberberg dans Die Hebamme (Hochhut), diffusé en 1976, peu de temps avant sa mort.