Ranninger Karl
Karl Ranninger (1894 – 1975)
à Teplitz-Schönau de 1924 à 1936
Le metteur en scène
Né le 9 octobre 1894 à Vienne (Autriche-Hongrie), il y fit ses études d’art dramatique et ses premiers pas sur scène au lendemain de la guerre (14-18). Il obtint là son premier engagement, puis ce fut Brünn (Brno) de 1922 à 1924, avant d’être engagé à Teplitz-Schönau par F.Höllering pour l’ouverture du Neues Stadttheater en avril 1924. Karl Ranninger devint peu à peu un pilier du théâtre de Teplitz-Schönau, présent sans discontinuer de 1924 à 1936, sous 6 directeurs successifs (sans compter la période de la coopérative en 1934 où il fut également présent). Avant tout acteur, il fut également syndicaliste (représentant des personnels du théâtre de 1925 à 1931 puis de nouveau à partir de 1933, il fut aussi vice-président des acteurs germanophones en Tchécoslovaquie). Jusqu’en 1928, il fit aussi de la mise en scène. Dans ce dernier domaine, il assura la Regie de deux pièces dès le printemps 1924: Der Gewissenswurm (Anzengruber) et Kindertragödie (Schönherr). En 1924-25 il mit en scène Alt-Heidelberg (Meyer-Förster), Heimat (Sudermann) et Der Wettlauf mit dem Schatten (Scholz). Son activité de metteur en scène se fit alors plus rare. Seulement une demi-douzaine de pièces entre 1925 et 1928, dont surtout Der Herr Senator (Schönthan/Kadelberg), Schloss Wetterstein (Wedekind) et Flamme (H.Müller). Pendant toute la durée de la direction Kennemann (1929-1933), Karl Ranninger ne toucha plus à la mise en scène. Il y revint (pour deux pièces) sous la direction Richter (1934-35), mais pas l’année qu’il passa sous la direction Hurrle (1935-36). En été 1936, il quitta Teplitz-Schönau pour retourner au théâtre de Brno (1936-1938) puis contracta à Iglau -aujourd’hui Jihlava- (1939-41) et ensuite à Troppau -Oppava-(1941-44), toujours dans les Sudètes. Il fut engagé au théâtre d’Augsbourg en été 1944 mais ne put y rester que deux mois avant la fermeture générale des théâtres en Allemagne en novembre 1944, dans le cadre de la « guerre totale ». Après guerre, Karl Ranninger revint dans sa ville natale de Vienne où il retrouva, dès 1948, un rôle dirigeant dans le syndicat des acteurs. Il tint aussi de petits rôles dans deux films importants tournés par G.W.Pabst en Autriche. Le premier, Le Procès, d’après Kafka, réalisé en 1948 avec Ewald Balser, Ernst Deutsch et Marianne Schönauer dans les rôles principaux. Le second sorti en 1951 : Ruf aus dem Äther, où il tient le rôle de Kögler. En 1962, Karl Ranninger reçut des mains du ministre Proksch la médaille d’argent pour services rendus à la République autrichienne.
L’acteur
Karl Ranninger fit une grande partie de sa carrière d’acteur à Teplitz-Schönau, où il battit les records de longévité avec douze années de présence. Il est le seul qui connut à la fois la première direction de Franz Höllering et celle de Curth Hurrle. Il était à la foi comédien, engagé pour le registre du Heldenvater, et syndicaliste, vice-président du Bühnenbund en Tchécoslovaquie et représentant des personnels du théâtre. C’est à ce titre qu’il signa en 1931, avec le directeur Fritz Kennemann, un accord confiant la saison d’été (mai-juillet) à la gestion coopérative (accord qui servira de modèle à la coopérative crée en 1934 après le départ précipité du directeur Scherler). Comme acteur, Karl Ranninger joua plus de 150 rôles à Teplitz-Schönau. Beaucoup de seconds rôles et, dès 1925, aussi quelques premiers rôles. Parmi les prestations qui eurent le plus d’écho : le prêteur sur gage dans Nebeneinander (G.Kaiser) pour sa création en Tchécoslovaquie, le 7 janvier 1925, Hans Weiring dans Liebelei (Schnitzler) en 1927, Shrewsbury dans Marie Stuart (Schiller), le père Knie dans Katharina Knie ou Gunderloch dans Der fröhlichen Weinberg (Zuckmayer) en 1928-29; Cesar dans Cesar und Cleopatre (Shaw), Peachum dans Die Dreigroschenoper (Brecht/Weil), Hassenreuter dans Die Ratten (Hauptmann) ou Vogelreuter dans Johannisfeuer (Sudermann) en 1929-30; Dupuy dans Das Lamm des Armen (Zweig), Dr.Otternschlag dans Menschen im Hotel (Baum), le rôle titre dans Marius (Pagnol), Quilling dans Sturm im Wasserglas (B.Frank) lors de sa création en novembre 1930, maître Anton dans Maria Magdalena (Hebbel), le conte Pazmandy dans Kontesse Mizzi (Schnitzler) ou Emil Zola dans Die Affäre Dreyfus en 1930-31. En 1931-32, Karl Ranninger joua notamment le pasteur dans Jugend (Halbe), Axel Oxenstjerna dans Königin Christine (Strindberg), Courvoisier dans Ein Spiel von Tod und Liebe (R.Rolland), Thaos dans Iphigenie auf Tauris (Goethe) ou le pasteur Morell dans Candida (Shaw). Pour sa 9ème saison à Teplitz-Schönau (1932-33), il parut – parmi une douzaine de rôles – en Washington dans Thomas Paine (Johst), Miller dans Kabale und Liebe (Schiller), Kramer père dans Michael Kramer (Hauptmann), Duschan dans Schwartzrote Kirchen (Hunyadi), Lord Caversham dans Ein idealer Gatte (Wilde). Karl Ranninger resta à Teplitz-Schönau durant la période troublée des années 1933-35 (où la direction du théâtre changea trois fois de main). A l’époque de la gestion coopérative, il parut notamment en Dr.Diafoirus dans Der eingebildene Kranke (Molière). Lors de sa dernière saison à Teplitz-Schönau (1935-36), sous la direction Hurrle, il joua entre autres Pollinger dans Das Konzert (Bahr), Matejka dans Die Reiterpatrouille (F.Langer) ou Kottwitz dans Prinz von Homburg (Kleist). Son dernier rôle au Neues Stadttheater, en mai-juin 1936, fut Matthias dans Sinnenglück und Seelenfreide (donné sous le titre Dinah) de W.Hasenclaver. Après son départ de Teplitz-Schönau, Karl Ranniger retourna jouer à Brünn (Brno), d’où il était venu en 1924. Il resta deux saisons à Brno puis resta sur diverses petites scènes en Tchécoslovaquie (Znaïm, Iglau, Troppau) jusqu’en 1944.