Moissi Alexander
Alexander Moïssi (1879-1935)
venu jouer au théâtre de Teplitz-Schönau en 1925, 1929, 1930, 1932 et 1933
Alexander Moissi était un grand acteur autrichien, d’origine albanaise, né le 2 avril 1879 à Trieste (à l’époque en Autriche-Hongrie) et mort le 23 mars 1935 à Vienne (Autriche). Son père était originaire de Durrës (Albanie), mais partagea son temps entre l’Albanie et l’Italie. Aleksander Moissi s’exprimait en albanais et en italien et n’apprit l’allemand qu’à l’adolescence durant ses études secondaires à Graz. À l’âge de 19 ans, il s’installa à Vienne avec sa mère et ses deux sœurs. Il y fut remarqué par le critique dramatique Paul Schlenther et le grand acteur autrichien Josef Kainz qui l’encouragèrent et lui donnèrent des cours. C’est ainsi qu’il obtint un premier petit rôle au Burgtheater en 1898. Tout alla assez vite ensuite, et le jeune homme fut engagé au Neues Deutsches Theater de Prague en 1901. En 1904 il entra au Deutsches Theater à Berlin. Il rejoignit ainsi la troupe de Max Reinhardt dont il devint le protégé et accompagna la compagnie lors de sa tournée à Saint-Pétersbourg en 1911. Là-bas son interprétation d’Œdipe fut saluée par le critique dramatique russe Anatoliy Lunacharsky qui ne tarit pas d’éloges sur Moissi – qui désormais fut sollicité un peu partout en Europe et en Amérique. À la veille de la Première Guerre mondiale, il était considéré sans conteste comme le plus grand acteur de langue allemande. Lorsque le conflit éclata, il fut mobilisé dans l’aviation. Fait prisonnier en France, il fut libéré quelques mois plus tard grâce à un échange de prisonniers. Il travailla quelque temps en Suisse avant de rejoindre Max Reinhardt en Allemagne. L’acteur était doté d’une voix exceptionnelle et d’une remarquable capacité à exprimer les émotions : on l’appréciait tout particulièrement lorsqu’il mourait en scène. Bien que l’allemand ne soit pas sa langue maternelle, il la maîtrisait parfaitement et son Hochdeutsch constituait une référence. Ses interprétations couvraient tout le spectre du répertoire dramatique européen, depuis la tragédie grecque antique jusqu’aux auteurs modernes. Dans le rôle d’Hamlet, il était sans rival. Parmi ses plus grands succès figure son incarnation de Fedja dans Le Cadavre vivant de Tolstoï, qu’il interpréta 1 400 fois et que verront près de 1,5 million de personnes dans le monde. Le rôle principal lui revint également dans Der weiße Heiland de Gerhart Hauptmann, L’Éveil du printemps de Frank Wedekind ou encore Jedermann de Hugo von Hofmannsthal qu’il joua pour la première fois en 1920 lors du spectacle inaugural du Festival de Salzbourg. Aleksander Moissi fit ses débuts au cinéma en 1913 dans un rôle secondaire de L’Étudiant de Prague de Paul Wegener, puis se vit confier le rôle principal dans une quinzaine de films, principalement muets. La plupart sont des adaptations littéraires (Beaumarchais, Pouchkine, Goethe, Dumas), et deux d’entre elles (Kean et Die Königsloge) mettent en scène le personnage de Kean, un autre grand acteur européen. En 1933, Moissi fit une tournée triomphale en Italie et tourna son dernier film, Lorenzino de Medici (1934). À partir des années 1920 il eut davantage de succès en Russie, en France et en Italie qu’en Allemagne où son style semblait déjà appartenir au passé, notamment avec la montée de l’expressionnisme et l’irruption de formes de théâtre plus politisées comme celles de Brecht ou de Piscator. Atteint de pneumonie, Alexandre Moissi mourut à Vienne le 22 mars 1935 et y fut incinéré.
Sein oder nicht sein, début de la tirade d’Hamlet, par Alexander Moissi :