Lehmann Anni
Anni Lehmann (1904 – 1999)
à Teplitz-Schönau en 1935-36
Née le 26 septembre 1904 à Mayence, Anni Lehmann y étudia le chant avec la cantatrice Loni Meinert et – à partir de 1926 – avec le chef de l’orchestre Hans Leuzer. Lauréate du très coté concours de chant de Cologne en 1931, elle put se faire engager comme contralto pour la saison 1932-33 au théâtre de Wurzburg. Le 1er avril 1933, décrété jour de boycott des juifs par les nouvelles autorités nazis, elle entra néanmoins en scène et, malgré sa peur, recueillit les applaudissements du public. Elle fut néanmoins exclue du théâtre à la fin de la saison et s’exila à Vienne, où elle put trouver quelques engagements ponctuels, avant un engagement annuel à Innsbrück (1933-34). Le climat antisémite du Tyrol l’amena à s’exiler à nouveau, l’été 1934, pour la Tchécoslovaquie. Là-bas elle eut des engagements à Brüx (1934-35) puis à Teplitz-Schönau (1935-36). Au Neues Stadttheater, Curth Hurrle l’engagea comme « Altistin » pour l’opérette. Elle y joua notamment Peronella dans Boccaccio (F.v.Suppe). En 1937, elle contracta un mariage blanc avec un Tchèque du nom d’Eisler, pour acquérir la nationalité, pouvoir être engagée à Troppau (1937-38) et obtenir un visa pour la France. En octobre 1938, Anni Lehmann obtint finalement une invitation pour un concert à Monte-Carlo et s’y rendit pour chanter sous la direction de Raphael Kubelik. De là, elle passa en France. Après son divorce, elle garda toute sa vie le nom d’Anni Lehmann-Eisler comme hommage au geste de son faux conjoint. En France, Anni Lehmann participa à l’exode lors de l’invasion allemande en 1940 et se fixa un temps à Périgueux où elle survécut en donnant des leçons et de petits concerts. Elle y apprit en septembre 1942 la déportation de sa mère et de son frère à Theresienstadt (les deux disparus ensuite dans la Shoah). Le mois suivant, Anni Lehmann fut enfermée par le gouvernement de Vichy au camp de Nexon. Plus tard elle fut transférée à Rivesaltes puis, en 1943, au camp de Gurs (où elle participa à des concerts organisés au camp par la Croix-rouge). Libérée en 1944 « pour raisons de santé » elle vécut la Libération à Paris et resta en France après-guerre, sans réussir à reprendre sa carrière. En 1958 elle retourna à Mayence (RFA) s’occuper de la maison familiale. Elle s’y installa définitivement et y créa une fondation (inaugurée en 1997) pour les jeunes cantatrices juives. A 95 ans, elle fut décorée par la mairie de Mayence, peu de temps avant sa mort le 11 novembre 1999, dans sa ville natale.