Hedda Grab (1899 – 1989)

Teplitz-Schönau de 1930 à 1932

Née le 6 août 1899, Hedda Grab fit carrière comme cantatrice pour l’opéra dans divers théâtres des Sudètes, à Märisch-Ostrau (1925-26), à Gablonz de 1927 à 1930, à Teplitz-Schönau de 1930 à 1932 et ensuite à Brüx (jusqu’en 1934). Mezzo-soprano, elle chanta à Teplitz-Schönau tous les grands rôles de ce registre dans les opéras montés durant ses deux saisons au Neues Stadttheater. Elle y débuta le 9 octobre 1930 en chantant Ortrud dans Lohengrin (Wagner). Par la suite elle tint notamment les rôles de Federica dans Luise Miller (Verdi), la sorcière dans Rusalka (Dvorak), Carmen dans Carmen (Bizet), Martine dans le Médecin malgré lui (Gounod), la comtesse dans La dame de pique (Tchaikowsky), Kätchen dans Werther (Massenet), Lottinka dans Der Jakobiner (Dvorak), Herodias dans Salomé (R.Strauss), Dalila dans Samson et Dalila (Saint-Saens). Elle donna aussi à Teplitz-Schönau des matinées ou soirées de Lieder, notamment les Kindertotenlieder de Gustav Mahler le 30 novembre 1930, des Lieder de Johannes Brahms, le 22 février 1931 et des Lieder de Schubert sur des poèmes de Goethe le 12 avril 1931. Elle participa, exceptionnellement, à des opérettes : en Katisha dans Der Mikado (Sullivan), en Sarah Rebecca dans Die weisse Herrin (Sartovsky) pour sa création en Tchécoslovaquie le 22 avril 1932 ou Mme la conseillère Wegebold dans Der Tenor der Herzogin (Künnecke). Montée à Prague, ayant épousé M.Kernmayer, Hedda Grab y fut rafflée et déportée à Theresienstadt le 17 décembre 1941. Là-bas, elle participa à la vie musicale du camp, comme membre du cabaret de Karel Swenk. Elle chanta dans le programme « Alles geht » donné en mai 1942 à la Sudeten-Kaserne, puis dans ceux nommés « Es leb das Leben » et « Der letzte Radfahrer« . Au camp, le compositeur Viktor Ullmann (plus tard gazé à Auschwitz), lui dédia deux Lieder. Hedda Grab-Kernmayer survécut au camp. Après guerre, elle émigra aux Etats-Unis et se tint éloignée de la musique jusqu’à sa mort en 1989, à l’âge de 90 ans.