Dimanche 26 décembre 1937

Première de Gefängnis ohne Gitter de Gina Kaus et Otto Eis

La représentation à Teplitz, dans le cadre des fêtes de fin d’année 1937, de l’œuvre de Gina Kaus Gefängniss ohne Gitter (Prison sans barreaux) avait été une idée de Fritz Kennemann et de sa compagne Liselott Reger, que le directeur Hurrle avait accepté tout en escamotant du programme le nom de Gina Kaus, interdite en Allemagne et honnie du SdP, au profit de l’un de ses collaborateurs (Otto Eis) lui-même dissimulé sous l’un de ses nombreux pseudonymes : ici Thomas B. Foster. Le subterfuge, sans doute destiné à ménager le consulat allemand de Reichenberg dont Hurrle attendait des subsides, ne trompa pas la presse locale (notamment la Sudetendeutschen Tageszeitung) qui eut tôt fait d’identifier la véritable auteur.

Gefängniss ohne Gitter fut la dernière mise en scène de la vie de Fritz Kennemann, qu’une crise cardiaque devait emporter un mois plus tard. La pièce, qui se déroule dans une maison de correction, soutien la thèse que « chaque enfant qui trébuche est une accusation pour la société ». Elle avait été créée en Suisse, à Zurich, en 1936.

Liselott Reger avec ses pensionnaires

Evelyn Caroll (rôle principal tenu par Liselott Reger) dirige une maison de correction pour jeunes filles avec un noble esprit de sacrifice. Elle en a fait une « prison sans barreaux » où elle renonce aux plaisirs pour elle-même afin de donner le meilleur à ses pensionnaires. Son entourage, et notamment sa chef éducatrice Miss Atwill (Marta Hartmann) ne partage pas toujours ses conceptions libérales qui, heureusement, sont au contraire relayées par la jeune éducatrice Nelly Derrick (Christl Raenz). Quand au médecin attaché à l’institution, le docteur Marshall (Jack Mylong-Münz), dont la décontraction et l’humour égaient la maison, il alimente les rêves de bien des jeunes pensionnaires, notamment Baby (Irene Hampl), Mary (Annemarie Osten), Rose (Ilse Kennemann) et Barbara (Tony Eydt). Ernst Wurmser incarne un inénarrable sous-secrétaire d’état en visite et la distribution est complétée dans les petits rôles par Viktor Saxl (surveillant alcoolique), Hilde Simonet (l’éducatrice Alice), Léonie Dielmann (mère de pensionnaire), Grete Elb (une pensionnaire), Ria Saxl (surveillante).

Jack Mylung-Munz, Hilde Simonet et Ilse Kennemann

Der Abend conclut : « La mise en scène de Fritz Kennemann était excellente: une succession rapide des tableaux, une distribution des rôles irréprochable et le jeu d’équipe exemplaire des nombreux participants ont caractérisé un travail de qualité. Les décors du Dr. Arno Bosselt ont apporté le cadre sévère approprié (…). Pièce et représentation ont été salués par de longs applaudissements« .