23-01-1932 : Max Halbe, Jugend
Samedi 23 janvier 1932
Première de Jugend, de Max Halbe
Jugend, « Liebessdrama » (drame de l’amour) en trois actes de Max Halbe fut considérée en son temps comme une pièce emblématique du mouvement naturaliste au théâtre. La pièce, écrite et 1892 et créée l’année suivante, fut reprise dans la salle des Kammerspiele à Teplitz-Schönau le 23 janvier 1932, annoncée et présentée par le metteur en scène Fritz Kennemann dans un article du bulletin bihebdomadaire du théâtre, Das Programm, paru le 16 janvier.
Annchen (incarnée par Ilse Kennemann) est la fille naturelle d’un curé de campagne, élevée, tout comme son demi-frère Amandus (joué par Josef Wichart) – pour sa part un peu demeuré- par un bon oncle, le pasteur Hope (Karl Ranninger). Leur voisin, le vicaire fanatique Gregor von Schigorski (Viktor Gschmeidler) , veut que Annchen entre au couvent pour « expier » la « faute » de son père.
Mais survient le cousin de la jeune fille, Hans Hartwig (Franz Andermann), bouffée d’air frais dans ce milieu oppressant. Et Annchen, une nuit, se donne à lui.
Alors que Hans, qui doit quitter le village, fait ses adieux à Annchen, celle-ci aperçoit derrière la fenêtre son frère Amandus, fou de jalousie, qui vise Hans avec un fusil. Annchen se jette sur Hans pour le protéger mais le coup part et c’est elle qui est tuée (le petit rôle de la servante du pasteur Hope était joué par Sophie von Perfall).
La représentation, et particulièrement la prestation d’Ilse Kennemann en Annchen, fut très favorablement accueillie par le public et jugée de même par la critique. Dans le Teplitz-Schönauer Anzeiger du 25 janvier on put lire « Si le drame de l’amour a connu un plein succès sur notre scène, on doit en attribuer le mérite à l’actrice du rôle-titre, notre ravissante naïve, Ilse Kennemann. Ses atouts les plus nobles sont sa tendre jeunesse, son gracieux tempérament de jeune fille et sa beauté. Avec ce rôle classique du drame bourgeois allemand, elle a réussi son examen de passage de véritable artiste. Elle sait – ce qu’on osait à peine espérer – non seulement installer une atmosphère, mais encore la maintenir. Avec ça, son jeu est merveilleusement étoffé et nuancé; elle évite avec goût les grands effets et la théâtralité superficielle, ne se drape pas dès le début dans l’affliction mais est d’une gaité ensoleillée, ce pourquoi le tragique muet est d’autant plus fort quand la mort la saisit. Grâce à cette jeune artiste extrêmement douée, notre théâtre va pouvoir choisir des voies nouvelles dans le choix de son répertoire…«