21-04-1932 : Gerhart Hauptmann & Romain Rolland
Jeudi 21 avril 1932
Premières de Elga de Gerhart Hauptmann
et
Ein Spiel von Tod und Liebe de Romain Rolland
La soirée du 21 avril 1932 vit la représentation successive de deux pièces en un acte dans la salle des Kammerspiele : Elga, « nocturne » de Gerhart Hauptmann (créé en 1905 à Berlin) mis en scène par Fritz Kennemann et Ein Spiel von Tod und Liebe (Le jeu de l’amour et de la mort) de Romain Rolland, créé en 1928 à Paris), mis en scène par Wilhelm Althaus.
Elga se déroule dans un monastère perdu où arrivent un soir un chevalier (joué ici par Wilhelm Althaus) et son valet (Wolfgang Schlüter). Avant d’aller se coucher, le chevalier demande à un vieux moine (Fritz Kennemann) ce qu’il sait de la fondation du couvent. Le moine réagit bizarrement et lui montre des ruines de château tout alentours. Le chevalier s’endort et la suite de la pièce représente son rêve. Le comte Starchenski (Kennemann) vit heureux avec sa jeune femme Elga (Liselott Reger) et leur petite fille (jouée par la petite Grund). Un jour Starchenski est averti par un serviteur qu’un mystérieux visiteur nocturne se glisse la nuit dans une tour (dont seule Elga a la clé). Le comte soupçonne des trafics des frères d’Elga, Dimitri et Grischka (Bernhard Wilfert et Ludwig Friedrich). Mais en fait, Elga reçoit là son cousin Oginski (Franz Andermann), son amant depuis des années. Alors qu’ Oginski lui demande de fuir avec elle, celle-ci ne veut pas renoncer à sa confortable vie de châtelaine. Starchenski surprend les amants mais Oginski peut fuir sans être reconnu et Elga prétend que la visite était pour sa femme de chambre Dortka (Gertrud Scott). Le comte se laisse convaincre mais, le lendemain, il trouve, dans un coffret d’Elga, un portrait d’Oginski dont la ressemblance avec sa fille le frappe: il comprend alors la vérité et panique à l’idée de perdre sa femme. Il donne rendez-vous la nuit à Oginski et le tue. Elga n’aura plus que détestation et mépris pour son mari.
Le chevalier, au réveil, est soulagé de constater que ce n’était qu’un rêve. Il se hâte de repartir.
Le jeu de l’amour et de la mort se déroule en 1794, à l’époque de la Terreur, dans le salon de Sophie Courvoisier (Liselott Reger), épouse du savant et conventionnel Jérôme Courvoisier (Karl Ranninger). Ce dernier siège à la Convention tandis que sa femme reçoit: sont là Claude Vallée (Franz Andermann), Denis Bayot (Bernhard Wilfert), Horace Boucher (Josef Wichart), Lodïska Cerizier (Gertrud Scott) et la jeune Chloris Soucy (Ilse Kennemann). Arrive alors Lazare Carnot (Werner Hammer), girondin proscrit que tous croyaient déjà mort. A son arrivée, chacun s’éclipse prudemment, laissant seuls Sophie et Claude Vallée, son ancien amant qu’elle aime toujours passionnément. Jérome Courvoisier rentre alors de la Convention. Il est sous le choc; non pas de trouver Sophie et Claude ensemble mais de ce qu’il vient de vivre à la Convention : la chute de Danton dont il fait un récit d’un humanisme poignant (que Karl Ranninger réussit à merveille, salué par les bravos du public). Ainsi la grande histoire l’emporte sur la petite (femme/mari/amant) et les personnages sont pris dans la tourmente de l’Histoire.