Samedi 20 mai 1933

Création pour la Tchécoslovaquie de l’opérette Sissy de Fritz Kreisler

Sissy, opérette en 2 actes (6 tableaux) de Friz Kreisler, sur un livret des frères Ernst et Hubert Marischka, avait remporté un triomphe historique à Vienne lors de sa création l’année précédente. Le public avait entonné, à la fin de la représentation, l’hymne impérial autrichien pourtant aboli depuis douze ans. La très grande popularité de l’auteur, par ailleurs violoniste virtuose, s’en trouva encore accrue dans sa ville natale.
La création de l’œuvre en Tchécoslovaquie était donc très attendue. Elle eut lieu au Neues Satdttheater de Teplitz-Schönau le samedi soir 20 mai sous la direction de Leopold Ludwig, chef d’orchestre (promis à une grande carrière) que Fritz Kennemann avait embauché en début de saison pour épauler Theodor Wünschmann.
La mise en scène était de Dolf Kaliger. La représentation, qui durait trois heures, était interrompue par un entracte après le second tableau.

L’opérette, parsemée de mélodies de Kreisler promises à la célébrité, raconte la naissance de l’idylle entre François-Joseph et Elisabeth, surnommée Sissy, entre le 15 et le 17 août 1853.
La jeune Sissy est élevée avec sa sœur Hélène, surnommée Nené, et cinq autres frères et sœurs dans une famille bavaroise. Son père, le duc Max, n’aime que la chasse et les festins. Sa mère, elle, a de grandes ambitions pour ses filles. Elle circonvient la mère de François-Joseph, la duchesse Sophie, pour arranger une idylle avec sa fille Nené. Mais à l’encontre des plans établis, François-Joseph tombe fou amoureux de Sissy, un amour que plus rien ne peut arrêter. Et Sissy deviendra impératrice d’Autriche… Ce sera l’argument, plus tard, de plusieurs films dont les plus célèbres avec Romy Schneider en Sissy.

Anneliese Riedner

Liesl Andergast

Pour la représentation de l’œuvre à Teplitz, Sissy était interprétée par Liesl Andergast, chanteuse invitée de la troupe d’Aussig. Viktor Gschmeidler incarnait l’empereur François-Joseph, Maria Frene sa mère, la duchesse Sophie. Le Duc Max de Bavière était joué par Dolf Kaliger lui-même tandis que son épouse, Ludivika, l’était par Christa Christl. Nené, la soeur de Sissy, était interprétée par Anneliese Riedner qui, particulièrement bien chantante, remporta ce soir là un beau succès. Bernhard Wilfert (en Feldmarschall Radetzky), Hermann Dyck, Willy Morré, Kurt Walldorf, Adolf Görisch, Viktor Justian et quelques autres (dont six enfants) complétaient la distribution.

Pour être moins éclatant qu’à la première Viennoise, le succès de la soirée fut tout de même marqué par de longs applaudissements s’adressant particulièrement aux interprètes de Sissy et Nené et au chef d’orchestre de la soirée, qui avait su donner à la musique de Kreisler son caractère « purement viennois« , comme le souligna la presse de la semaine suivante. Sissy fut reprise une demi-douzaine de fois dans la grande salle jusqu’à la fin de la saison.