19-11-1929 : Schiller, Wallensteins Tod
Mardi 19 novembre 1929
Première de Wallensteins Tod de Friedrich Schiller
Avec la représentation sur deux jours, dans la grande salle du Neues Stadttheater, de la trilogie de Schiller (Wallenstein Lager et Die Piccolomini le 18 novembre et Wallensteins Todt le lendemain), Fritz Kennemann fêtait, en quelque sorte, son accession à la direction à Teplitz. Cette oeuvre de Schiller était en effet sa préférée; il la connaissait sur le bout des doigts pour l’avoir jouée dès son adolescence dans la troupe amateur qu’il animait alors.
Wallensteins Lager est une sorte de prologue, court, qui présente les soldats de Wallenstein, général de l’armée impériale durant la guerre de trente ans, et leur engouement pour leur chef. On apprend que l’empereur veut envoyer une partie de cette armée en Espagne et les soldats espèrent que Wallenstein ne le permettra pas. Les Piccolomini se concentre sur les chefs de cette armée: d’un côté Terzky, beau-frère de Wallenstein et Illo le pressent de s’émanciper de l’empereur et de traiter avec les Suedois, de l’autre Octavio Piccolomini espionne secrètement Wallenstein pour le compte de l’empereur. Mais son fils Max Piccolomini, admirateur du général et amoureux de sa fille Thekla, est déchiré entre son père et Wallenstein qu’il ne veut pas trahir.
Dans Wallenstein Todt, tragédie en cinq actes, la scène se tient d’abord à Pilsen et le drame se noue. Un messager envoyé par Wallenstein aux Suédois est intercepté par les espions de l’empereur et ainsi ses velléités de trahison découvertes. Sur les conseils de Illo, Terzky et surtout la femme de ce dernier, la comtesse Terzky, Wallenstein se décide à l’alliance suédoise. Alors Octavio Piccolomini s’emploi à détourner de Wallenstein les cadres de son armée, particulièrement Buttler, qu’il persuade que Wallenstein a entravé sa carrière. Après beaucoup d’hésitations et d’états d’âme, Max Piccolomini lâche lui aussi le généralissime, père de sa chère Thekla. Wallenstein doit s’enfuir à Eger. Max, déchiré, trouve volontairement la mort dans un combat contre les Suédois. Quand Thekla l’apprend, elle quitte secrètement le camp et va se suicider sur la tombe de Max. Wallenstein est ébranlé mais croit encore en son destin. La nuit suivante, alors que Wallenstein est parti dormir, les sbires de Buttler tuent d’abord Illo et Terzky lors d’un festin puis assassinent Wallenstein dans sa chambre à coucher. Le drame s’achève par un dialogue entre Octavio et la comtesse Terzky qui s’est auparavant empoisonnée et meurt tandis qu’Octavio apprend qu’il est promu par l’empereur.
Wallenstein était incarné par Fritz Kennemann (également metteur en scène). Octavio Piccolomini était joué par Hermann Gruber, son fils Max par Benno Smytt. Max Gudermann était le comte Terzky, Wilhelm Althaus le maréchal Illo. La comtesse Terzky, sœur de Wallenstein, était incarnée par Liselott Reger et Thékla, sa fille, par Ilse Focken. Karl Ranninger était Buttler. Pour les rôles moins importants, la distribution était la suivante: Isolani, condottiere et général des Croates était joué par Léopold Dudek, Gordon, commandant de la place d’Eger, par Walter Taub, le major Geraldin par Viktor Gschmeidler, la duchesse de Friedland, femme de Wallenstein, par Maria Frene, le capitaine Neumann, aide de camp de Tersky, par Walter Höfermayer et Mademoiselle de Neubrunn par Grete Jorysch.
La presse fut dithyrambique. Le Teplitz-Schönauer Anzeiger du 20 novembre consacra plusieurs pages à l’évènement : « … Juché au sommet d’un art véritable et authentique se trouve l’interprète de Wallenstein.(…) Le silence se faisait autour de lui; qu’il préside le conseil de guerre, sonde amis ou ennemis, son jeu exprimait le sombre esprit de la fatalité. Il a inséré la croyance aux étoiles, l’amitié, l’amour dans son jeu avec inspiration.(…) Avec ça, il est le diseur le plus accompli, le rêveur le plus profond, l’artiste sensible qui réalisa le meilleur aussi sur le plan scénique. La représentation restera dans les mémoires comme une lumière glorieuse. Il est à peine utile de mentionner qu’une bruyante approbation, pleine d’émotion ressentie, jaillit des poitrines bouleversées pour saluer l’œuvre et son interprétation. Il y eut des fleurs pour exprimer la satisfaction, l’estime et l’amour… ». Et dans Freiheit: « Ce Wallenstein marquera l’histoire du théâtre de Teplitz d’une pierre blanche. »