Mercredi 16 janvier 1929

Création de Karl und Anna, pièce de Leonhard Frank

Karl und Anna, pièce en 4 actes de Leonhard Frank (tiré de sa nouvelle de même titre publiée en 1926) fut présentée en première mondiale au Neues Stadttheater de Teplitz-Schönau simultanément avec six autres scènes européennes, dont Paris et Berne.

Durant la première guerre mondiale, dans un camp de prisonniers de guerre en Sibérie, Karl et Richard sont devenus amis très proches et se font des confidences. Richard est marié avec Anna, à laquelle il écrit régulièrement et Karl entre dans l’intimité de leur correspondance. Il finit même par l’influencer (on pense à Cyrano). Lorsque plus tard Karl parvient à s’évader, il se rend chez Anna et ils forment bientôt un couple. Quand Richard rentre de captivité, Anna choisit de rester avec Karl et ils partent ensemble. Richard reste dans la maison avec Marie, l’amie de Anna qui, autrefois amoureuse de Richard, s’était alors effacée devant Anna…

Fritz Kennemann dans Karl und Anna

Lors de la création teplitzoise, Fritz Kennemann incarnait Karl, Hermann Gruber Richard, Liselotte Reger était Anna et Elfriede Mark tenait le rôle de Marie. Les rôles secondaires étaient joués par Tilli Schläger (la soeur de Marie), Hellmuth Kraus, Walter Taub, Benno Smytt et Viktor Gschmeidler (d’autres prisonniers de guerre).

La pièce, mise en scène par Fritz Kennemann, ne fut vue le soir de sa création que par 180 spectateurs dans la salle des Kammerspiele qui pouvait en contenir près de trois fois plus. Cette modeste affluence traduisait, à en croire la presse, une lassitude vis à vis des « pièces de guerre » rappelant 14-18. Ce public restreint, d’abord réservé, ovationna les protagonistes après le 4ème acte et la pièce fut reprise encore quatre fois avant la fin du mois. Dans le Teplizer Tagblatt du 18 janvier on put lire : « Au même titre que la mise en scène de Kennemann, seuls la Anna de Liselott Reger, le Karl de Fritz Kennemann et le Richard d’Hermann Gruber furent satisfaisants et assurèrent la réussite de cette création. Eux seuls réussirent à donner de la force à la pièce. Le succès ne s’affirma qu’après le quatrième tableau. Le public, au début un peu réservé, rappela Reger, Kennemann et Gruber maintes et maintes fois à l’avant de la scène après le parfait quatrième acte.«