11-01-1936 : Lichtenberg, Orells Wunderschau
Samedi 11 janvier 1936
Création pour la Tchécoslovaquie d’Orells Wunderschau
de Wilhelm Lichtenberg
Wilhelm Lichtenberg, qui avait commencé sa carrière comme acteur, était l’auteur de comédies de mœurs à fond social qui plaisaient beaucoup aux public du Kammespiel à Teplitz. Cinq de ses pièces avaient déjà été présentées du temps de la direction Kennemann (Was sagt das Publikum ?; Eva hat keinen Papa; 2/2:unentschieden; Ein Königreich für meine Frau– déjà une création- et Wem Gott ein Amt giebt) et c’est encore Fritz Kennemann qui mit en scène, ce samedi 11 janvier 1936, Orells Wunderschau pour sa création en République Tchécoslovaque. L’œuvre, sous-titrée « une pièce sur la vie des gens du voyage », traite en brèves séquences, agencées en sept tableaux successifs, de la grandeur et des petitesses de la vie quotidienne d’une troupe d’artistes de foire ambulants, un monde voué à disparaitre car de plus en plus difficilement « vendable ». Les critiques locaux évoquèrent à son sujet le (bon) souvenir de la représentation de Katharina Knie, pièce de Carl Zuckmayer, donnée ici en mars 1929 et qui traitait d’un thème voisin (le destin d’une troupe de cirque).
Les personnages tournent autour d’Astra, la diseuse de bonne aventure (jouée par Vera Mandić), douée d’un sixième sens et infatigable consolatrice de ses camarades. La prestation de Leonie Dielmann en danseuse du ventre fit sensation, tout comme celle de Karl Ranninger en athlète briseur de chaines. Viktor Saxl incarnait un fakir, capable de se tenir sur une planche à clous, Tony Horowitz une femme âgée dispensant sa sagesse depuis sa baraque de foire. Otto Marx jouait le rôle d’un entremetteur, Karl Schwetter un baron au grand cœur et Fritz Kennemann lui-même celui d’un administrateur de bien sans pitié, pressé de rentrer dans ses frais, peu soucieux des drames humains et moins encore d’une tradition culturelle.
La prestation de Vera Mandić, actrice parfois contestée en début de saison, fut cette fois particulièrement louée par la critique. Les décors préparés par Arno Bosselt furent également appréciés, et Karl Jilg, dans le Teplitz-Schönhauer Anzeiger, put conclure: « Quiconque a une bonne connaissance de l’histoire et une bonne compréhension des questions sociales sera vivement intéressé par cette pièce. Cela d’autant plus que la mise en valeur des idées a été idéalement portée par la régie de Fritz Kennemann, qu’on ne saurait assez louer pour cela. Le Dr. Arno Bosselt a appuyé ses efforts par des décors réalisés avec style. (…) On a passé une très agréable soirée et suivi avec cœur ces destinées, ce qui s’est manifesté à la fin par de vifs applaudissements. »