10-12-1926 : Wedekind, Musik
vendredi 10 décembre 1926
Première de Musik, de Frank Wedekind
La pièce en 4 tableaux de Frank Wedekind, Musik, sous titrée Sittengemälde (peinture de moeurs), écrite en 1907, montre la déchéance d’une jeune femme, Klara Hühnerwadel, victime de l’hypocrisie des mœurs de son milieu et de son époque.
Le premier tableau (que Wedekind titre « Bei Nacht und Nebel« ) met en présence Klara et Else Reissner, la femme de Josef Reissner, professeur de musique qui a mis Klara enceinte. Sur les instances de Josef, Klara va partir pour Amsterdam afin d’avorter et Else lui a procuré l’argent nécessaire.
Le second tableau, se déroule dans une prison, où Klara est enfermée pour tentative d’avortement car, sur les conseils de Josef, elle est rentrée en Allemagne. Alors que Josef reste passif, sa femme Else se démène pour sortir Klara de prison. Lorsqu’elle est libérée, Klara a droit à un discours du directeur de la prison qui lui dit combien elle a de la chance d’avoir des amis comme Josef Reissner et sa femme.
Au troisième tableau, Franz Lindekuh, homme de lettres, ami de Josef, prend pitié de Klara et lui propose son aide. Il parvient à empêcher la parution d’un article de presse la stigmatisant. Josef, qui abrite tout le monde sous son toit, est content de lui et de la situation.
Au dernier tableau, dans une maison de campagne, on voit que Klara a finalement mis au monde, contre la volonté de Josef, l’enfant qu’elle portait. La mère de Klara, arrivée, croit que Lindekuh est le responsable. Mais l’enfant, en dépit (ou à cause ?) des soins du docteur Schwarzkopf, ami des Reissner appelé à la rescousse, meurt d’une épidémie. A la fin de la pièce, Klara s’effondre en hurlant sa douleur.
A Teplitz-Schönau, la pièce était mise en scène par Hans Schlesinger. Le rôle de Klara Hühnerwadel était tenu par Else Pally, celui de Else Reissner par Eva Marleen. Josef Reissner était joué par Karl Ranninger, Franz Lindekuh par Richard Felden.
Le critique du Teplitz-Schönauer Anzeiger écrivit le lendemain 11 décembre : « … l’âme massacrée de la jeune femme a trouvé une représentation idéale en Else Pally. Cette soirée fut à elle, à elle le grand succès (…) une véritable artiste complètement absorbée par l’âme de son rôle. Parcourant tous les registres de la sensibilité féminine, sa Klara Hünerwadel montra un rare exemple de capacité d’expression psychique. Cela a été sa plus mûre et plus saisissante réalisation jusqu’à présent. Son effondrement s’accompagnait de vraies larmes. Eva Marleen (en Else Reissner) a été une figure magistralement travaillée. La fluidité voulue de son parlé correspondait parfaitement au personnage conventionnel qu’elle campait.(…) La mise en scène de Hans Schlesinger était un modèle, le sordide des scènes bien mis en évidence et leur effet bien pesé. Le succès fut indescriptible. Le public était saisi par la sublimation de la misérable condition humaine à travers un art si pur. «