Concerts et vie musicale au théâtre de Teplitz
Concerts et vie musicale au théâtre de Teplitz
Teplitz-Schönau était le lieu d’une intense activité musicale tout au long de l’année, dont le théâtre municipal n’était qu’un des lieux d’expression. L’orchestre philharmonique municipal en était le vecteur principal. La municipalité le « prêtait » au théâtre d’octobre à avril, après quoi il animait la saison des cures. Cette formation de plus de quarante musiciens jouissais d’une forte réputation dans la Tchécoslovaquie de l’entre-deux-guerres et, en son sein, certains musiciens pratiquaient en solistes ou en formation de musique de chambre. Ainsi le Teplitzer Streichquartett, quatuor composé des violonistes Eduard et Anton Spieler, de l’altiste Ferdinand Werner et de Hugo Loewenthal au violoncelle était l’un des plus fameux quatuor d’une République qui ne manqua pourtant jamais de musiciens de talent.
Dans cette ambiance, le Stadttheater réserva toujours une place privilégiée à la musique, qui s’exprimait aussi largement en dehors des spectacles d’opéra et d’opérette. Chaque année, une demi-douzaine de concerts symphoniques se tenaient dans la grande salle, généralement donnés par l’orchestre municipal mais parfois par des formations plus prestigieuses encore (la philharmonie tchèque, notamment, venue jouée au théâtre le jeudi 11 décembre 1930). S’y ajoutaient des concerts choraux donnés par la Teplitzer Liedertafel ou bien par le Teplitzer Singverein dirigé par Karl Fischer, Teplitz-Schönau possédant deux chorales de haut niveau.
La vie musicale au théâtre était marquée aussi, de temps à autre, par l’invitation de solistes célèbres. Ainsi, sous la direction de Karl Ettinger, on assista le 29 octobre 1928 à un récital du fameux violoniste Vasa Prihoda, interprète sans égal de Paganini.
En mars 1930, sous la direction Kennemann, les spectateurs du théâtre purent apprécier la venue de Dolfi Dauber à la tête de son grand orchestre de jazz.
Le 22 mars 1931 vit un récital du grand violoniste Bronislaw Huberman
Le 16 octobre 1931, ce fut un récital du violoniste tchèque le plus célèbre de l’époque, Jan Kubelik.
Autre type d’invitée, Dela Lipinskaja, cabaretiste, chanteuse et diseuse juive alors célèbre dans toute l’Europe centrale, qui vint au théâtre de Teplitz-Schönau à plusieurs reprises, notamment sous Kennemann (le 26 février 1932, accompagnée par le pianiste Walter Lazarus) et sous Hurrle (le 2 décembre 1936 avec Walter Lajtai au piano)
La saison 1930-1931 au Neues Stadttheater, pour laquelle nous possédons une documentation presque exhaustive, permet de se faire une idée de la vie musicale au théâtre en dehors de l’opéra et de l’opérette.
Outre les cinq concerts symphoniques de l’orchestre municipal, les spectateurs teplitzois purent assister à
- un gala Johann Strauss (le 28 octobre)
- une soirée consacrée aux « Compositeurs modernes de Lieder », avec des œuvres de Hugo Wolf, Gustav Mahler, Max Reger et Richard Strauss chantées par Walter Höfermayer, Hedda Grab et Sonja Yegin (au piano: Adolf Heller)
- un concert de l’orchestre philharmonique tchèque (le 11 décembre)
- une matinée consacrée à Heinrich Heine, (avec notamment des Lieder de Mendelssohn, Schubert, Brahms et Schumann), le 4 janvier
- une matinée encore, le 22 février, consacrée à Johannes Brahms avec des Lieder chantés par Minna Krasa-Jank, Hedda Grab et Rainer Schubert-Soldern et le trio avec cor op.40, interprété par Hugo Loewenthal au violon, Adolf Heller au piano et Peter Prantl au cor.
- une matinée Goethe ou la cantatrice mezzo Hedda Grab chanta les Lieder de Schubert sur des poèmes de Goethe
- un concert entièrement consacré à la « musique moderne », avec les Lieder d’Arnold Schönberg (par Olga Barco accompagnée par Adolf Heller), une sonate pour piano et violon composée par Theodor Wünschmann (interprétée par Edvard Spieler et Adolf Heller), des mélodies de Prokofiev, Ravel et Stravinski (Barco-Heller) puis le Trio pour piano, violon et violoncelle de Maurice Ravel (joué par les frères Spieler avec A.Heller)
L’activité musicale au Neues Stadttheater, considérablement élaguée par le départ forcé de très nombreux musiciens de l’orchestre (notamment tous ceux du Teplitzer Streichquartett) et par la proscription de l’art « dégénéré » et des auteurs juifs, ne cessa pas cependant après l’arrivée du régime nazi, comme en témoigne le programme retrouvé de la dernière semaine de mai 1943, sous la direction Franz Stoss, où l’on annonce une « soirée de musique de chambre » le lundi 31 mai.