27-05-1937 : John Galsworthy, Flucht
Jeudi 27 mai 1937
Première de Flucht, de John Galsworthy
La pièce de John Galsworthy, dramaturge britannique ami de Josef Conrad, date de 1926. Elle fut représentée au Neues Stadttheater à Teplitz-Schönau le 27 mai 1937, veille de l’anniversaire d’Edvard Benes (le successeur de Masaryk allait avoir 53 ans). Aussi la soirée commença-t-elle par un discours en l’honneur du Président Dr. Bénes prononcé par le professeur Dr. Gustav Müller. La municipalité de Teplitz-Schönau et le théâtre tenaient à exprimer ainsi leur fidélité à la République Tchécoslovaque, en ces temps qui commençaient à être troublés par la montée du SdP (Parti Allemand des Sudètes).
Flucht (dont Escape était le titre original anglais, signifiant évasion) montre l’histoire d’un évadé, l’ancien capitaine Matt Denant (joué par Jack Mylong-Münz). Celui-ci, voulant protéger une prostituée (interprété par Christl Raenz) des assiduités d’un policier en civil (Ernst Wagner), a bousculé ce dernier qui, malheureusement est tombé la tête contre une rampe et est mort sur le coup. Ainsi, Matt Denant est envoyé à la prison de Dartmoor, condamné pour homicide. Affecté à un commando de travail sous la surveillance d’un garde (Alfred Kühne), il parvient à s’échapper un soir de brume.
Après ce prologue, la pièce (neuf tableaux) montre une série d’épisodes de la fuite de Matt Denant qui rencontre divers personnages, de diverses classes sociales, aux comportements variés. Une dame cultivée (Fifi Musil) l’aide, tout comme un juge à la retraite (Otto Marx). Par contre, une famille de la classe moyenne inférieure (Léonie Dielmann, Viktor Justian, Walter Janowitz), vulgaire, tente de l’empêcher de fuir mais il parvient à voler leur voiture. Ensuite, Matt Denant rencontre un couple d’épiciers (Viktor Saxl et Anna Müller-Prem) qui réagissent à l’opposé l’un de l’autre : tandis qu’elle montre de la sollicitude, lui veut dénoncer le fugitif. Plus loin, un fermier (Hans Rainer) et ses ouvriers sont contre lui et veulent s’en saisir mais il les trompe facilement.
Puis il tombe sur deux filles célibataires qui sont divisées: Miss Dora (Tony Eidt), qui se dit libre-penseuse, s’inquiète de son sort tandis que Miss Grace (Liselott Reger), plus âgés et plus conformiste, ne veut pas l’aider mais, finalement, influencée par son amie Dora, ment à ses poursuivants pour aider Matt à rester libre.
Finalement, Matt Denant arrive dans la sacristie d’une église. Le vicaire (Fritz Kennemann) a été aumônier dans l’armée et il est déchiré par des sympathies contradictoires. Il cache le fugitif et trompe ses poursuivants. Mais quand les policiers (Leo Maly et Kurt Walldorf) lui demandent directement si oui ou non il a vu le condamné, le vicaire est confronté à la perspective du mensonge pur et simple. Il est sauvé de son dilemme par le capitaine Matt Denant lui même, qui sort de sa cachette pour se livrer, ne supportant pas de compromettre moralement le vicaire qui l’a accueilli.
La mise en scène était faite par Kurt Labatt, metteur en scène invité par Curth Hurrle (qui sera durant toute la guerre Intendant (directeur) du théâtre de Mährisch-Ostrau). Dans Freiheit, Ernst Thöner conclut : » Le public a accueilli par une tempête d’applaudissement ce petit suspens de fin de saison. Les acteurs et le metteur en scène ont été maintes fois rappelés. »
La pièce de Galswothy Escape a été plusieurs fois adaptée au cinéma dès 1930. Le film le plus connu est sans doute celui de la Century Fox tourné par Joseph Mankiewics en 1948, avec Rex Harrisson en Matt Denant.