10-10-1935 : Der Fliegende Holländer & Geburtstag
Jeudi 10 octobre 1935
Première de Der Fliegende Holländer de Richard Wagner
Création pour la Tchécoslovaquie de Geburtstag, de Ladislaus Bus-Fekete
La représentation de Der Fliegende Holländer (Le vaisseau fantôme) à Teplitz, le 10 octobre 1935, offrit au Teplitzois la possibilité de voir et d’entendre quelques uns des meilleurs chanteurs d’opéras de l’époque. En effet, l’opéra de Wagner était donnée ce soir là par la prestigieuse troupe du Deutsches Theater à Prague qui s’était encore renforcée, depuis 1933, de grands artistes réfugiés d’Allemagne (comme Rose Pauly).
A l’acte 1, pris dans une tempête, le capitaine Daland doit mouiller sur la côte norvégienne alors qu’il se voyait déjà retourner auprès de sa fille Senta. Laissant son timonier veiller, Daland va dormir. Le vaisseau maudit du Hollandais arrive, et celui-ci, dans un grand air très dramatique, se désespère de son sort qui l’oblige à errer sur les océans pour l’éternité, à moins qu’une femme ne soit capable de l’aimer de manière absolue, jusque dans la mort. Sur ces entrefaites, Daland se réveille, remarque l’arrivée du navire du Hollandais, et sermonne son pilote qui s’était entretemps endormi. Daland et le Hollandais se saluent ; dans la discussion le Hollandais mentionne les richesses que transporte son bateau, éveillant aussitôt l’avidité de Daland. Cependant, pour obtenir ses richesses, Daland devra lui donner sa fille en mariage
A l’acte 2, au village, les femmes attendent le retour des marins. Senta chante la complainte du Hollandais volant, condamné à errer éternellement sur les mers. Elle ne cesse de penser à lui, malgré les mises en garde de Mary, sa nourrice. Daland rentre enfin, bientôt suivi du Hollandais. Malgré les protestations de son fiancé, Erik, Senta décide d’épouser le Hollandais par pitié pour ses souffrances
A l’acte 3, Erik essaie une dernière fois de convaincre Senta de renoncer à ce mariage, en lui rappelant leurs engagements. Senta doute un peu, et sur ces entrefaites le Hollandais arrive et croit que Senta, elle aussi, lui est infidèle. Il appareille alors précipitamment, croyant que son sort est scellé pour l’éternité, et voulant épargner à Senta la damnation éternelle s’ils se marient et qu’elle lui soit infidèle par la suite. Dans un ultime geste de fidélité, Senta se jette du haut de la falaise, permettant ainsi la rédemption du Hollandais.
La distribution laisse rêveur. Le Hollandais était interprété par Josef Schwarz, Daland par la grande basse norvégienne Magnus Andersen (connu par la suite pour son Sarastro), sa fille Senta par la soprano Rose Pauly, mondialement célèbre notamment pour les rôles d’Elektra et de Leonore. Rose Pauly avait déjà participé, à l’époque, à la création mondiale de Neues vom Tage de Hindemith et à celle de Wozzeck d’Alban Berg (où elle avait chanté Marie) et elle paraissait régulièrement à la Staatsoper de Vienne et à la Scala de Milan. Le rôle d’ Erik, le chasseur, fiancé de Senta, était tenu par le ténor vedette du Deutsches Theater Otto Macha. L’orchestre était dirigé par Herbert Weisskopf. Le succès fut au rendez-vous.
La comédie en 6 tableaux de Bus-Fekete, Geburtstag, raconte les péripéties, rebondissements, quiproquo et autres coups de théâtre du jour anniversaire du héros (joué par Louis Viktor), entouré de ses grands parents (Viktor Saxl et Anna Müller-Prem), parents (Fritz Kennemann et Tony Horowitz), et sœurs (Vera Mandic et Herta Minnich). Sans oublier, et pour cause, sa femme (Felicitas Corda) et une belle demoiselle française de passage (Liselott Reger). Ernst (Otto Marx), l’ami Gyurkowicz (Alfred Kühne), la cuisinière Kathi (Olga Cermak) et les voisins (Léonie Dielmann, Ernst Wagner, Karl Schwetter, Arno Bosselt et Ferry Radl) complètent le ballet incessant des personnages, dans un décor de chambre aux multiples portes, concocté par Arno Bosselt. La mise en scène était assurée par Walter Gynt et la pièce réjouit fort les spectateurs du Kammerspiel qui manifestèrent leur satisfaction par des applaudissements nourris.