15-10-1929 : Somerset Maugham, Die heilige Flamme
Mardi 15 octobre 1929
Création pour la Tchécoslovaquie de Die heilige Flamme (The sacred Flame) de W. Somerset Maugham
Die heilige Flamme est l’histoire de l’infortune de Maurice Tabret, jadis soldat durant la première guerre mondiale, qui était rentré chez lui indemne et avait pu épouser sa petite amie Stella. Malheureusement, un an après ce mariage, Maurice est resté paralysé de la taille aux pieds après un accident d’avion. La pièce commence quelques années plus tard, et l’action se déroule dans Gatley House, la maison de Madame Tabret, la mère de Maurice.
La maison de Mme Tabret a été aménagée pour prendre soin de son fils et une jeune infirmière, Wayland, s’occupe constamment de lui. Elle est extrêmement professionnelle et dévouée à son travail. L’épouse de Maurice, Stella, vit aussi avec eux : elle est restée sa compagne et son soutien et le réconforte gaiement. Le frère de Maurice, Colin Tabret, a vécu un temps au Guatemala dont il est rentré onze mois avant le début de la pièce et vie maintenant avec son frère et sa famille. Un médecin local, le Dr Harvester, vient fréquemment en visite pour vérifier l’état de santé de Maurice et prescrire des traitements. Mme Tabret mère, veuve depuis quelques temps, n’a de relations qu’avec un vieil ami, le major Liconda, en retraite, qui lui rend souvent visite.
La pièce fonctionne ensuite comme une nouvelle policière d’Agatha Christie, où l’auditoire tente de comprendre si Maurice a bien été tué ou s’il s’est suicidé ou bien s’il ne s’agit que de fausses accusations de l’infirmière. Pendant toute la fin du second acte et la plus grande partie du troisième, Stella est la principale suspecte: elle se révèle avoir eu une liaison avec Colin et être enceinte de lui. Elle est sur le point d’être livrée à la police pour être inculpée en vue d’un procès pour l’assassinat de Maurice, lorsqu’à la fin du troisième acte Mme Tabret révèle que c’est elle qui a tué Maurice. Ayant compris que Stella était enceinte, et parce que Stella était tout pour Maurice, elle ne pouvait supporter que Maurice apprenne la trahison de Stella. Elle l’a tué par compassion.
La mise en scène de la pièce à Teplitz était assurée par Fritz Kennemann. Viktor Gschmeidler jouait Maurice Tabret. Ilse Focken sa femme Stella. L’infirmière Wayland était incarnée par Liselott Reger et Mme Tabret mère par Maria Frene. Wilhelm Althaus jouait Colin Tabret, Hermann Gruber le docteur Harvester et Karl Ranninger le Major Liconda.
Le chroniqueur du Teplizer Tagblatt, Heinz Eberl, écrivit (le 18/10/1929): » Une tragédie de l’amour maternel d’une dimension rappelant Ibsen.(…); la palme du jeu revient à la performance de Liselott Reger en infirmière Wayland. L’artiste, dont nous avons pu déjà apprécier la force d’incarnation dans sa Katharina Knie ou sa Marie Dugan est si convaincante qu’elle semble avoir vécu la situation créée par l’écrivain. A ses côtés, nous pouvons distinguer les prestations exemplaires de Viktor Gschmeidler (Maurice Tabret), Hermann Gruber (Dr Harwester) et Karl Ranninger (Major Liconda). Le personnage de Colin Tabret n’est pas très fouillé par l’écrivain et Wilhelm Althaus, avec la meilleure volonté, ne pouvait réellement se mettre en valeur. Ilse Focken est pleine de talents et sa Stella était par moments convaincante. Maria Frene a incarné la figure de la mère avec chaleur mais sa conception manquait un peu de noblesse. Nous rendons grâce à l’irréprochable mise en scène du Dir. Fritz Kennemann. La salle bien remplie a beaucoup applaudie : Die heilige Flamme fut le meilleur succès de théâtre que l’on ait vu depuis longtemps. »