04-05-1929 : Bruckner, Die Verbrecher
Samedi 4 mai 1929
Création pour la Tchécoslovaquie de Die Verbrecher de Ferdinand Bruckner
Ferdinand Bruckner (de son vrai nom Theodor Tagger), créateur du Renaissance Theater à Berlin en 1922, était l’un des représentants du courant de la « nouvelle objectivité » dans l’art dramatique. Sa pièce Die Verbrecher (Les criminels), « Zeitstück« , fit scandale lors de sa création à Berlin, le 23 octobre 1928 au Deutsches Theater dans une mise en scène de Heinz Hilpert. Elle fut présentée six mois plus tard, pour la première fois hors d’Allemagne, au Neues Stadttheater de Teplitz-Schönau, mise en scène par Fritz Kennemann.
de gauche à droite et de haut en bas:
Walter Taub et Hellmut Krauss / Viktor Gschmeidler et Benno Smytt / Grete Jorysch et Fritz Hamik / Viktor Justian et Susi Schaffer – Liselott Reger / Karl Ranninger
La pièce montre les habitants d’un immeuble. Au rez-de-chaussée, il y a un débit de boisson dont la tenancière se prostitue. A côté ou dans les étages, la veuve d’un conseiller d’état, un serveur, des étudiants, une cuisinière, des bourgeois. Certains sont dans la misère, d’autres à l’aise, mais tous sont dans les problèmes jusqu’au cou. Que faire lorsqu’on est enceinte sans le sou et sans pouvoir avorter ? Comment faire quand on est homosexuel alors que c’est interdit par la loi ? De quel façon résister à son patron quand on est domestique et qu’il nous veut dans son lit ? Cynisme ? Fuite en avant ? Suicide ? Meurtre ?
Au premier acte, on aperçoit toutes les pièces de l’immeuble, qui s’éclairent à mesure que les dialogues concernent l’une ou l’autre. Au second acte, on est transporté au tribunal où se déroulent trois procès en parallèle, suite aux différents drames survenus dans l’immeuble. Au troisième acte, on se trouve de nouveau dans l’immeuble et ses protagonistes s’interrogent et règles leurs comptes. Cynisme, lâcheté, conformisme dessinent les contours d’une mutation sociale en marche; rien n’est stable, nul n’est sûr de son destin. Tous, coupables ou innocents, verront leurs attitudes punies plutôt que jugées.
Le contenu noir de la pièce, comme sa forme révolutionnaire en actions simultanées, firent sensation à Teplitz-Schönau. Public et critiques furent partagés devant tant de « modernité ». Cette formidable pièce ne fut reprise que trois fois dans la salle du Kammerspiel.