Gschmeidler Viktor
Viktor Gschmeidler (v1895 – 1986)
à Teplitz-Schönau de 1927 à 1934
Le metteur en scène
Après des études à Vienne (Autriche-Hongrie), où il fréquenta la Theresianische Akademie, Viktor Gschmeidler commença une carrière d’acteur sur de petites scènes à Vienne puis, après la guerre 14-18, dans les Sudètes. En 1925-26, il joua à Troppau; en 1926-27 à St.Pölten. En 1927, Karl Ettinger l’engagea au Neues Stadttheater de Teplitz-Schönau où il resta durant sept saisons, jouant de nombreux rôles. Son métier d’acteur fut en effet toujours son occupation principale. Il réalisa néanmoins, à partir de 1929, quelques mises en scène. La première fut Kleine Komödie de S.Geyer le 12 mars 1929 et les plus marquantes, parmi la dizaine dont il s’acquitta jusqu’à l’été 1931, Trio de Leo Lenz (novembre 1929, grand succès repris 19 fois jusqu’à noël ), Die Ratten de G.Hauptmann (mai 1930), Die Unwiderstehlische de P.Geraldy (juin 1931). Lors des saisons suivantes, Viktor Gschmeidler n’eut plus que peu d’occasions de mettre en scène. En octobre 1931, il réalisa 2/2 Unentschieden de Lichtenberg et en février 1932, Da stimmt was nicht d’Arnold. Après le départ de Kennemann, à l’été 1933, Gschmeidler resta dans la troupe sous la direction Scherler puis dans la coopérative de gestion jusqu’en juillet 1934. Pour 1934-35, il fut engagé à Linz (Aut.), en 1935-36 à Aussig (15 km à l’est de Teplitz-Schönau), puis de 1936 à 1940 à Giessen, dans le Reich hitlérien (60 km au nord de Francfort/Main). Il passa la guerre au théâtre de Gera, en Thuringe (de 1940 à 1943), puis à Cologne (1943-44). Après guerre il revint à Vienne, au Renaissance Theater (1948-50), puis au petit théâtre Die Insel in der Komödie (1950-51), avant d’être engagé, en 1952, au Volkstheater où il joua plus d’un quart de siècle (encore dans Höllenangst de Nestroy en 1977). Durant cette période, il se fit entendre dans plusieurs pièces enregistrées sur disques publiés par l’ORF. En même temps, il joua dans une demi-douzaine de films autrichiens ou allemands (RFA), de Himmlische Walzer en 1949 au célèbre Hochzeitsnacht im Paradies en 1962. Ensuite il joua encore à la télévision autrichienne (notamment dans Peripherie en 1969) ou allemande (épisode de Wenn der Vater mit dem Sohne en 1971).
L’acteur
Durant sept saisons de présence au Neues Stadttheater de Teplitz-Schönau, Viktor Gschmeidler, avec ses allures d’aristocrate, son inamovible monocle (à l’oeil droit) et son humour, sut progressivement se faire une place importante. Sa mémoire infaillible lui permettait de préparer jusque cinq pièces à la fois, dont deux ou trois rôles majeurs. Ainsi le vit-on en mars 1932 apparaître en Fabrice dans Die Geschwister (Goethe), le directeur Suttner dans Frei Bahn dem Tüchtigen (Hirschfeld), le Landsgerichtsrat dans Voruntersuchung (Alsberg/Hesse), le Duc d’Albe dans Egmont (Goethe) et prendre un petit rôle dans Der Mann mit dem grauen Schäfen (Lenz) – alors qu’il avait déjà joué le mois précédent (février 1932) le Prof. Robert Pilgram dans Die Gefährtin (Schnitzler), Anton Steinberg dans Königin Christine (Strindberg) et dans Anatols Hochtzeitsmorgen (Schnitzler) et Der Mann ohne Privatsleben (Fürth), soit 8 rôles en deux mois ! En fait, Viktor Gschmeidler, à son arrivée de Troppau, fut d’abord confiné durant deux saisons, à Teplitz-Schönau, dans de petits rôles, comme le traître dans Schinderhannes (Zuckmayer), le père Christophe dans Teufelschüler (Shaw), le comte Paris dans Roméo et Juliette (Shakespeare), Albert dans Olympia (Molnar) ou le premier suicidé dans Liliom (Molnar). La saison 1929-30 lui permit d’accéder progressivement à des rôles plus consistants. Commençant au premier trimestre avec un homme d’affaire dans Grand Hotel (P.Frank), Maurice Tabret dans Die heilige Flamme (Maugham) ou le Hakensinger Jakob dans Die drei Groschen Oper (Brecht/Weil), il joua en hiver Stanhope dans Die andere Seite (Sheriff), le docteur Neumann dans Der einsame Weg (Schnitzler) ou le chirurgien dans Das Nürnbergische Ei (Harlan), pour accéder au printemps (avril 1930) au rôle titre Süss de Jud Süss (Dukes/Feuchtwanger). L’été 1930 vit le départ de Teplitz-Schönau de deux acteurs majeurs, Walter Taub et Benno Smytt, ce qui conféra à Viktor Gschmeidler un poids nouveau sur la scène teplitzoise. En 1930-31, il joua notamment Claudius dans Hamlet, Lord Grenham dans Sex appeal (Lonsdale), Fouché dans Lamm des Armen (Zweig), Otto Kringelein dans Menschen im Hotel (V.Baum), Rahnstetten dans Sektion Rahnstetten (Corrinth), Leonhard dans Maria-Magdalena (Hebbel), le roi Magnus dans Der Kaiser von Amerika (Shaw), Claude Théron lors de la création de Banditen im Frack (Heller/Schutz), Schönbrünn dans Komparserie (Duschensky), Egon dans Komtesse Mizzi (Schnitzler) ou Fernand Jolivet dans Der Unwiderstehliche (Geraldy). En 1931-32, outre les pièces de février-mars déjà signalées, il joua notamment William Harrington dans Roxy der Fratz (Conners), Mopp dans Das hässlische Mädchen (Joachimson), Mercure dans Amphitryon 38 (Giraudoux), Gessler dans Wilhelm Tell (Schiller), Erwin Siethoff dans Perlenkomödie (B.Frank), Gregor von Schigorski dans Jugend (Halbe), Albert Wendel dans Das schwedische Zündholz (Hirschfeld), l’écrivain Waldemar Haberland dans Die Rückkehr vom Hutschenkofel (Gall) ou Oreste dans Iphigenie in Tauris (Goethe). En 1932-33, Viktor Gschmeidler alterna premiers et seconds rôles, en particulier le rôle titre (Paine) dans Thomas Paine (Johst), le Président v.Walter dans Kabale und Liebe (Schiller), Bruno dans Jugendfreude (Fulda), le Duc d’Orléans dans Liselott von der Pfalz (Presher/Stein), le lieutenant Frank dans Flieger (Rossmann), Robert Chiltern dans Ein Idealer Gatte (Wilde), Jan Padwicki dans Ist Geraldine ein Engel ? (Jaray), George Armstrong dans In jeder Ehe… (Chesterton/Neale). En 1933-34, Viktor Gschmeidler, gardé par Scherler, resta ensuite dans la troupe durant la gestion coopérative, jusqu’à l’été 1934 où il trouva des engagements à Linz (1934-35) puis à Troppau. En janvier 1936, Cuth Hurrle convia Gschmeidler au Neues Stadtheater de Teplitz-Schönau pour jouer, en acteur invité, le rôle (principal) du pianiste Gustav Heink dans Das Konzert (Bahr). Après guerre, au Volkstheater de Vienne, Gschmeidler joua un très grand nombre de rôles, petits ou secondaires, comme dans Traumspiel (Strindberg) en 1957, ou celui d’ Eberkopf dans Peer Gynt (Ibsen) en 1962, ou du Herr dans Peripherie (F.Langer) en 1969, ou encore de Stromberg dans Höllenangst (Nestroy) en 1977. Dans sa tardive carrière au cinéma et à la télévision Viktor Gschmeidler, après de très petits rôles dans les films tournés de 1949 à 1958, incarna un Standesbeamter dans Hochzeitsnacht im Paradies (1962), Gwendl dans Die Geschichte der 1002 Nacht (1969), le comte von Pembroke dans König Johann et Katzerversinsky dans la série Wenn der Vater mit dem Sohne (1971).