28-10-1931 : Max Dreyer, Reifeprüfung
Mercredi 28 octobre 1931
Première de Reifeprüfung, de Max Dreyer
La pièce de Max Dreyer Reifeprüfung (littéralement « épreuve de maturité », qui désignait alors en fait, en Allemagne, l’équivalent du baccalauréat français), créée à Dresde le 10 juin 1931, fut représentée pour la première fois à Teplitz-Schönau le 28 octobre de la même année, mise en scène par Fritz Kennemann.
L’argument de cette « pièce scolaire » est tout simple. Des jeunes filles d’un petit village obtiennent de leur maître, pourtant vieux jeu, la possibilité d’aller seules préparer leur bac au lycée de la ville voisine. Là, filles et garçons deviennent bon camarades. Lorsque des élèves persuadent la nièce de la directrice, Elfried Albing, d’aller fouiller les affaires d’un professeur (le Dr. Türk) pour trouver les sujets d’examen, et que la tentative est découverte, le jeune Knut Sengebuch s’en accuse, alors qu’il n’y est pour rien. Il veut couvrir sa camarade Elfried qu’il aime secrètement. Elfried, quant à elle, est éprise de son professeur, Kosegarten, qui s’en est aperçu, est tenté, mais refuse une relation avec une élève. Quand Knut se dispute, par jalousie, avec ce professeur et que ce dernier veut lui refuser l’examen, le directeur, Dr. Brodersen, qui a compris la nature des sentiments des uns et des autres à la bonne réaction. Knut et Elfried auront leur Reifeprüfung… et c’est ensemble qu’il feront leur vie.
A Teplitz, la distribution était la suivante: la directrice de la pension était jouée par Maria Frene et sa nièce, Elfried Albing, par Ilse Kennemann dont c’était (à 17 ans) sont premier rôle au théâtre. Knut Sengebusch était joué par Franz Andermann, le professeur Kosegarten par Wilhelm Althaus, le directeur Brodersen par Karl Ranninger et le Dr. Türk par Gustav Hild. Gertrud Scott, Josef Wichart, Ludwig Friedrich jouaient d’autres élèves, Viktor Saxl un surveillant, Wolfgang Schlüter un répétiteur et Hanni Dorn une domestique.
La pièce fut fort bien accueillie à Teplitz (reprise dès le 31 octobre et encore le 1er novembre) et les débuts de Ilse Kennemann largement salués par la critique. Dans le Teplitz-Schönauer Anzeiger du 2/11/1931 : » … Le directeur Fritz Kennemann a su en faire une pièce très efficace. Il a fait là, à nouveau, du très bon travail.(…) sa très jolie et très douée jeune fille Ilse Kennemann a joué sa partie avec sa propre sensibilité et a produit un effet très sympathique. Elle a un très beau jeu muet bien mesuré, une parole sonnante, fraiche, agréable et avec ça la plus belle parure: la beauté et la jeunesse. » Dans le Teplizer Tagblatt, sous la plume de Heinz Eberl : « La représentation d’ici, sous la conduite du dir. Kennemann, a si bien réussi qu’on peut parler d’évènement. Il n’y eut tout simplement aucune erreur ni faute de goût. Le Kammerspiel peut enregistrer une soirée doublement glorieuse et avec elle les noms de Ilse Kennemann, Wilhelm Althaus Karl Ranninger et Franz Andermann. Il est souvent difficile de formuler un jugement pour des débuts. Qui sait nuancer comme cette Elfried Albing est au-delà d’un jugement: il n’arrive certainement pas souvent qu’une novice sache parvenir à un résultat aussi concluant. » L’écho du succès parvint jusqu’au périodique spécialisé berlinois Deutsches Theaterdienst, où on put lire: « Le théâtre municipal de Teplitz-Schönau a donné, avec l’efficace pièce scolaire de Max Dreyer Reifeprüfung, l’occasion à une jeune débutante, Ilse Kennemann, de paraître pour la première fois en public. Sa voix sonore et son jeu très naturel remportèrent une victoire sur toute la ligne. La représentation, sous la régie du dir. Kennemann, fut un évènement. Il faut mentionner aussi Karl Ranninger, en directeur, qui a incarné ce personnage avec art et sensibilité; Franz Andermann et Josef Wichart en élèves et Wilhelm Althaus en professeur ont produit de très bonnes prestations. »
Le vif succès de la pièce en Allemagne et ailleurs incita le producteur et réalisateur Carl Froelich à en faire un film (sorti en 1933) avec Heinrich George dans le rôle de Brodersen, Albert Lieven dans celui Knut Sengebusch et Hertha Thiele dans celui d’Elfried Albing.