28-09-1937 : Ibsen, Die Stützen der Gesellschaft
Mardi 28 septembre 1937
Première de Die Stützen der Gesellschaft d’Henrik Ibsen
Comme Peer Gynt avait ouvert triomphalement la saison 1936-37, Curth Hurrle programma encore une pièce d’Henrik Ibsen pour l’ouverture de la saison 1937-38 au Neues Stadtheater. Cette fois-ci cependant elle fut donnée dans la salle des Kammerspiele, la grande salle étant réservé le même soir à la première opérette de la saison (Das Spitzentuch der Königin de Johann Strauss).
Die Stützen der Gesellschaft (titre allemand, le titre original en norvégien étant Samfundets Støtter), drame en quatre actes connu en français comme Les soutiens de la société, fut créé en 1877, un an après Peer Gynt. La pièce fut donnée à Teplitz dans une mise en scène de Curth Hurrle. Les rôles principaux étaient tenus par Fritz Kennemann, Martha Hartmann, Jack Mylong-Münz et Paul Demel.
Le consul Karsten Bernick (Fritz Kennemann), riche propriétaire d’un chantier naval et homme d’affaires en vue dans un petit port de Norvège, est respecté comme un homme de haute valeur morale, bien qu’il ait bâti sa réussite sur des marchés plus ou moins douteux. Sa femme, Betty (Martha Hartmann), et lui-même ont un fils, Olaf, âgé de treize ans. En épousant Betty, il a trahi son amour de jeunesse, Lona Hessel (Léonie Dielmann), au profit de sa demi-soeur, héritière d’une plus grosse fortune. Quinze ans avant le début de la pièce, alors qu’il était fiancé à Betty, Bernick a été pris en flagrant délit dans la chambre d’une maîtresse et, pour échapper au scandale, il a fait porter la faute de son acte au frère de Betty, Johan (Jack Mylong-Münz), qui était sur le point d’émigrer aux États-Unis. Il en a profité pour répandre la rumeur selon laquelle Johan se serait en outre rendu coupable de vol. Cette histoire, inventée de toutes pièces par Bernick, visait à expliquer pourquoi les caisses de sa propre société, à ce moment précis, étaient vides
Quand le rideau se lève, Bernick est en discussion avec d’autres personnalités du lieu, avec lesquelles il projette de faire construire un chemin de fer desservant la ville. Il a acheté en secret des terrains sur lesquels doit passer la ligne. Le chef de ses chantiers, Aune (Paul Demel) lui est tout dévoué. Mais survient Johan, de retour des États-Unis avec sa demi-sœur, Lona. Il menace Bernick de dévoiler les secrets de son passé, ce qui met le consul en difficulté, ses projets d’affaires dépendant de sa réputation irréprochable en tant que pilier de la communauté locale. Bernick fait mettre à flots pour Johan un navire qu’il sait trop délabré pour prendre la mer, mais se rend compte, quand il le croit parti, que son propre fils a quitté la maison familiale et se trouve à bord. Johan a emmené Dina Dorf (Christl Raenz), fille de l’ancienne maîtresse de Bernick, qu’il veut épouser en Amérique, avant de revenir se venger. Le consul est donc certain que trois de ses proches vont périr sur l’épave flottante. Mais il s’avère finalement que le bâtiment n’a pas pris la mer. Sous la pression et les encouragements de Lona Hessel, son amour d’antan, Bernick confesse ses péchés dans un discours adressé aux habitants de la ville, qui sont venus l’acclamer dans son rôle de soutien de la société. Il exhorte l’assistance à juger, en toute liberté d’esprit, des fautes qu’il a commises, et à entamer une vie nouvelle délivrée des hypocrisies jusqu’ici cultivées dans la petite communauté.
Les rôles secondaires étaient tenus par Liselott Reger (Martha Bernik, soeur du consul), Rudi Wiechel (le vicaire Rohrland), Otto Marx (Himar, cousin de Betty), Annemarie Osten (Mme Lynge), Ernst Wagner (Krapp, fondé de pouvoir de Bernik). Les acteurs furent très applaudis, particulièrement Paul Demel, dont c’était le premier rôle à Teplitz. Le journal Abend conclut : « Les décors du Dr. Arno Bosselt donnèrent au spectacle un cadre digne de son niveau. La pièce a été accueillie chaleureusement par une salle comble. On peut s’attendre à une série de reprises. »