23-04-1938 : Shaw, Der Teufelsschüler
Samedi 23 avril 1938
Première de Der Teufelsschüler de George Bernard Shaw
La représentation, ce samedi 23 avril 1938 de Der Teufelsschüler (titre original : The Devil’s disciple), pièce que Shaw écrivit en 1896, fut la dernière « Première » de la saison et aussi la dernière soirée festive que connut le Neues Stadttheater de Teplitz-Schönau. Après quoi la tension rapidement croissante, le départ des acteurs juifs et anti-nazis et l’irruption du 3ème Reich mettront fin pour toujours à ce genre de soirées, au profit, l’année suivante, de cérémonies et représentations à la gloire du Führer et des « temps nouveaux », temps qui aboutiront à la fin que l’on sait.
Der Teufelsschüler, mis en scène par Ernst Wurmser, bénéficiait d’une distribution de choix, avec les grands acteurs que furent Jack Mylong-Münz, Paul Demel ou Ernst Wurmser lui-même. La salle était « très bien remplie » d’après le Teplitz-Schönauer Anzeiger et « accueillit le dernier spectacle de cette saison avec reconnaissance et admiration« .
L’action se déroule sur fond de guerre d’indépendance américaine. Richard Dudgeon (Jack Mylong-Münz) est traité en paria par sa famille, dans un petit village de la Nouvelle Angleterre. Il la méprise profondément en retour. Après la mort de son père, Richard retourne dans la maison familiale pour entendre lecture du testament, au grand dam du reste de la famille. Anthony Anderson (Paul Demel), le pasteur local, le traite avec courtoisie malgré son athéisme proclamé, mais par son attitude Richard scandalise la femme du pasteur, Judith (Liselott Reger).
A la surprise générale, il est révélé que le père décédé a modifié secrètement son testament et qu’il lègue tous ses biens à Richard. Celui-ci se comporte d’abord en revanchard, expulse sa mère, Mme Anne Dudgeon (Martha Hartmann), de sa maison et y invite par contre à demeure sa cousine Essie (Irene Hampl), fille illégitime de son oncle, devenue orpheline par la pendaison de son père par les Anglais. A la fin du 1er acte, Richard Dudgeon se proclame rebelle contre les Britanniques et traite sa famille de lâches quand ils s’enfuient à l’approche d’une armée anglaise. Il prévient le pasteur Anderson que l’armée qui approche a pendu son oncle par erreur.
A l’acte II, Lors d’une visite au domicile du pasteur, ce dernier est appelé auprès de Mme Dudgeon qui se meurt et Richard se retrouve seul avec Judith. Percevant que celle-ci le déteste, il veut partir mais Judith le retient et lui demande de rester jusqu’au retour de son mari. Surgissent alors des soldats britanniques qui, prenant Richard pour le pasteur Anderson, l’arrêtent. Richard se laisse emmener sans les démentir et fait jurer à Judith de ne rien dire au pasteur, de peur que celui-ci ne vienne se livrer à sa place. Quand le pasteur revient, il trouve sa femme dans une grande agitation. Il exige de savoir si Richard s’est mal comporté. Rompant sa promesse, Judith lui révèle que les soldats anglais sont venus pour l’arrêter mais que Richard s’est livré à sa place. Anderson semble sonné; il ramasse rapidement son argent et un pistolet et sort précipitamment. Judith crois que son mari est un lâche et Richard un héros.
Au 3ème acte, Richard est détenu au siège de l’armée anglaise. Judith lui rend visite et demande à assister au procès. Richard accepte si elle promet de ne pas prendre la parole. Le procès est dirigé par le débonnaire général Burgogne (Ernst Wurmser). Après diverses péripéties, Richard s’accuse lui-même de trahison. Il est décidé de le pendre le jour même. Judith ne peut tenir sa langue et révèle à la cour que Richard n’est pas son mari et a été pris par erreur. Mais cela ne change rien à la décision. La scène finale se déroule place du marché au pied de la potence. Mais Richard est sauvé à la dernière minute par l’irruption d’une troupe insurgée commandée par Anderson…
La distribution était complétée, pour les petits rôles, par Otto Marx (Christophe Dudgeon), Viktor Saxl (major Swindon), Rudi Wiechel (le notaire), Gustav Karl Egerer (un sergent), Alfred Kühne et Arno Bosselt (les oncles), Leo Maly (le révérend Bruckneld), Grete Elb (une soubrette). Arno Bosselt avait réalisé les décors. A la fin, « Jack Mylong-Münz, Liselott Reger, Paul Demel et Ersnt Wurmser furent rappelés maintes fois à l’avant scène par des applaudissements nourris.«