21-11-1928 : Kaiser, Oktobertag
Mercredi 21 novembre 1928
Création pour la Tchécoslovaquie de Oktobertag de Georg Kaiser
Créée en Allemagne 8 mois plus tôt à Hambourg (dans une mise en scène de Gustav Gründgens), Oktobertag, de Georg Kaiser, fut présenté pour la première fois au public germanophone de Tchécoslovaquie au Neues Stadttheater de Teplitz-Schönau, en « pélude aux 50 ans de l’auteur », le mercredi 21 novembre, dans une mise en scène de Fritz Kennemann. La représentation de la pièce en trois actes commença à 20 heures. Un entracte fut ménagé après le 1er acte et la soirée s’acheva vers 22h15 sur de vifs applaudissements : la pièce sera reprise quatre fois jusqu’au début décembre et une fois encore en février 1929.
Une jeune fille de la bonne société (Catherine) rencontre à trois reprises, par hasard, un jeune lieutenant (Jean-Marc Marrien) sans que ce dernier ne la remarque. Mais elle se prend à rêver intensément une liaison amoureuse avec lui et quand, neuf mois plus tard, alors qu’elle a passé une nuit sans lendemain avec un compagnon boucher (Leguerche), elle se retrouve enceinte, elle s’imagine que c’est l’enfant du lieutenant Marrien.
L’oncle et tuteur de Catherine (Coste) apprend le nom de Marrien et lui demande réparation. Le lieutenant tombe des nues et se récuse. Réapparait alors le véritable père de l’enfant (Leguerche) qui demande le prix de son silence. L’oncle est prêt à payer mais le lieutenant Marrien qui est peu à peu réellement tombé amoureux de Catherine, s’interpose. Il est entré dans le rêve de Catherine et ne veut plus laisser la paternité de l’enfant à un autre. Et va résoudre le problème à sa façon: Leguerche est tué.
Toute la pièce se déroule dans la villa de l’Oncle Coste.
La distribution était la suivante: Benno Smytt incarnait le lieutenant Marrien et Liselott Reger Catherine. Hermann Gruber jouait Leguerche, Karl Ranninger l’oncle de Catherine. Grete Jorysch tenait le rôle de la gouvernante de la maison Coste (Madame Jattefaux) et Walter Lohner celui d’un serviteur.
La critique du Teplitz-Schönauer Anzeiger, le lendemain, fut excellente : » Ce fut un grand et beau succès de théâtre, principalement un succès de la mise en scène parfaitement maitrisée sous la direction de Fritz Kennemann, prenant rang parmi ses meilleures réalisations. Benno Smytt a composé une figure idéale qui rend compréhensible le comportement de la jeune fille. C’est sa grande réussite. Liselott Reger a surpassé avec sa Catherine ses plus belles et nobles incarnations. Toute imprégnée de sensibilité, de pieuse mystique et de douceur lyrique. » Quant au journal socialiste Freiheit, il écrivait : » La Première de la pièce de Georg Kaiser a été un succès pour notre Kammerspiel comme on n’en avait pas vu depuis longtemps. La représentation, pensée jusqu’au moindre détail, de l’intéressante œuvre par messieurs Ranninger, Smytt, Gruber et les dames Reger et Jorysch a suscité des applaudissements nourris, qui ne cessèrent pas jusqu’à ce que le metteur en scène du soir, monsieur le directeur Kennemann, paraisse à la rampe pour recevoir le remerciement du public enthousiaste. »